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Les noms des marques propres : du pont au M classique

Die Namen der Eigenmarken: Von der Brücke zum klassischen M

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Quiconque a fait occasionnellement ses courses à Migros a grandi avec elles : les nombreux et jolis noms de marques propres. Certaines d'entre elles ont été récemment abandonnées. Il est grand temps de leur rendre hommage !

Le pont sur le paquet de sucre était déjà facilement reconnaissable à l'âge du jardin d'enfants. Puis, à l'école, tout juste capable de lire et tenant encore la main de maman, on déchiffrait avec gourmandise les premières inscriptions comme MICAMU, en pensant aux caramels à la crème fraîche de la vache. Si, à la maison, on ajoutait encore FRELITTA sur le pain (pas forcément du Nutella), le bonheur était parfait. Je ne savais pas encore à l'époque que le nom avait quelque chose à voir avec "Chocolat Frey", mais il avait un goût sucré et sonnait comme une liberté.

A l'adolescence et bien au-delà, on voulait être différent du courant dominant : quoi de plus naturel que de laisser de côté les éternelles marques des 'multinationales' et de leur préférer les petites marques propres qui s'affirment fièrement dans l'océan du grand capitalisme : on se douchait en compagnie d'IDUNA, la déesse nordique qui conférait la jeunesse éternelle (plus tard, on se couchait volontiers dans le bain FANJO, dont la chaleur correspondait à un mélange de fangothérapie brûlante, de fun et de beaucoup de culture du 'moi' - il mio io).

Après le départ de la maison, il y avait du café BONCAMPO sur la table de la colocation, il avait bon goût et rappelait les campesinos révolutionnaires d'Amérique du Sud. Pour le déjeuner, il n'y avait donc certainement pas de riz US-Uncle Ben's, celui de TANTE CAROLINE, marchandise coloniale ou pas, sonnait moins comme du colonialisme. Il était accompagné d'un APROZ-COLA, et pour avoir des dents blanches, on utilisait ensuite CANDIDA, on n'avait alors pas besoin du signal de Sunlight. Enfin, pour les soins du visage et du corps, une charmante beauté, apparemment d'Europe de l'Est, du nom de JANA, était à disposition, même si elle ne venait à proprement parler que d'Argovie - mais tout de même de MIBELLE. Pour les visages plus nobles, ZOE s'est imposée plus tard - une impératrice byzantine, mais émancipée et avec beaucoup d'engagement social : après la mort de son premier mari, elle a épousé un valet de chambre, entre-temps elle a régné avec sa sœur et finalement elle a encore épousé Constantin IX. Tout cela dans le Moyen Age oriental ! Cela nous a fortement impressionnés, nous les étudiants en colocation, si bien que les crèmes ZOE ont eu la cote, bien qu'elles soient destinées aux peaux plus matures. Mais après tout, on avait passé la 'maturité moyenne', la maturité, derrière soi.

Et est-ce qu'on lavait aussi le linge sale dans la colocation ? Bien sûr, TOTALEMENT volontiers et avec ELAN. Dans la buanderie des parents, il y avait encore BELLA/LINDA, l'une pour le prélavage, l'autre pour le lavage principal. Lorsque j'ai découvert un jour que la 'RDA' est-allemande appelait aussi un produit de lessive ainsi (espionnage économique en Suisse ?), cela a énormément réjoui la colocation 'alternative'.
Mais même les ménages bourgeois se réjouissent aujourd'hui encore des marques Migros : des nettoyants rapides et polyvalents de HOPP à HOPI, POLY et POTZ étaient et sont toujours proposés, et pour le linge délicat, une jolie Welsche, YVETTE, qui plaît aussi aux Suisses allemands ("I wett Yvette").

Pour manger des pâtes, certains aiment la CARAMIA, d'autres le TIPO M ou la ZIAMARIA, tandis que le chat de la maison ronronne paisiblement en français avec sa nourriture RONRON : ronron, ronron. Tout le monde est content de son repas, car toutes les vitamines sont conservées dans les poêles MIVIT et l'assaisonnement se fait avec une mystérieuse poudre dorée : MIRADOR. Enfin, la ménagère ou le ménager fait briller la cuisinière avec MIOBRILL, et éventuellement les meubles, grâce au polish BRILLA.

Les noms des marques propres montrent également qu'avec le temps, l'anglais est devenu plus tendance : le birchermüesli est à tout moment REDDY et servi, les adoucissants MIODOUCE se sont appelés plus tard MIOSOFT. Pour la randonnée, il faut SUNLOOK contre les coups de soleil et les fruits secs SUNQUEEN contre les coups de faim. Mais le côté français n'a jamais été complètement abandonné : Les produits LIGHT s'appellent aujourd'hui LEGER, et pour la haute cuisine, il y a SéLECTION à goûter, de sorte qu'il faut moins 'fooder'. Même le Darvida, qui donne la vie en Espagne, peut être trouvé à la Migros sous forme de "blé à vivre" franco-italien : BLEVITA.

L'assortiment M propose des produits raffinés pour de nombreuses parties du corps : pour les mains et les pieds, EFINA et les pommades PEDIC, pour la bouche, CAFINO-Instant-Kaffee, et pour le bas de la ceinture, MOLFINA, pour rester au sec.

Depuis peu, certains de ces produits ne sont plus que des classiques M : adieu le savon-crème GIDE, qui aurait plu aussi bien à l'élégant auteur français André Gide qu'à son homonyme Charles (un défenseur de l'idée de coopérative). Bye-bye le mouchoir jetable LINSOFT, dont le nom nous rappelle encore celui en toile (lin, linon) de nos grands-pères ! Et au revoir le vinaigre de cidre SANESSI, qu'il nous reste profondément en mémoire combien ce vinaigre est sain ! - Combien de temps encore MARC AURELE nous sourira-t-il du haut de l'étagère du bas ? Empereur romain, fils adoptif et éponyme d'un parfum masculin Migros, il a écrit très tôt ses réflexions sur l'impermanence de l'existence...

Une consolation demeure : de très nombreuses marques Migros ne disparaissent pas. On continue à se souhaiter un 'calimera/bon matin' grec sous le lever du soleil californien : CALIFORA ! Ensuite, on fait la vaisselle à la main avec le très pratique HANDY ou MANELLA, et comme une visite chez le coiffeur est devenue inutile grâce à GOLDEN HAIR PROFESSIONAL, on peut encore lire des livres EX LIBRIS avant de se rendre dans la cuisine ANNA'S BEST aux allures maternelles. La viande DON POLLO provient d'un poulailler où les poulets sont dans un état optimal comme seulement en Gaule : OPTIGAL ! En dessert : des biscuits et des glaces MIDOR dorés. "Santé Aproz !", dit un Valaisan. Sa grand-mère se réjouit de déguster le traditionnel café filtre EXQUISITO, tandis que sa fille veut aller jouer et lève les yeux au ciel. SKAI, cela signifie pour elle depuis qu'elle suit l'anglais précoce. Tout comme ses chewing-gums préférés, les seuls 'made in Switzerland'. "JOWA ?" Oui, bien sûr. Bravo !
C'est avec le même courage que, dans le segment des glaces de luxe, la petite fraîcheur de ROYAL CLASS a été opposée il y a des années déjà au produit de marque européen 'Hägen Dasz'. Et aujourd'hui encore, alors que dans toute l'UE, il n'y a que des barres 'Magnum' à sucer, la crème exclusive MEGASTAR à base de lait et de chocolat suisses nous vient des rives du lac de Zurich. Nous pouvons être un peu fiers de ces marques propres, de ces créations originales (MIFA est par exemple la dernière grande usine de lessive dans notre pays).
Martin Fürst

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